Les véhicules Tesla ne seront pas les bienvenus dans la station balnéaire chinoise de Beidaihe. Les voitures électriques sont strictement interdites dans les rues de la ville côtière pour les deux prochains mois, alors que les hauts dirigeants communistes se rendent dans la ville pour un congrès secret.
La décision des autorités de Beidaihe intervient quelques semaines après l’interdiction faite aux voitures Tesla de circuler sur certaines routes de la ville centrale de Chengdu début juin, qui coïncidait avec une visite du président chinois Xi Jinping dans la ville.
Bien qu’aucune raison officielle n’ait été communiquée, les interdictions semblent être dûes à la crainte que l’impressionnante panoplie de capteurs et de caméras des véhicules puissent offrir une ligne de vue sur les réunions des hauts dirigeants de Pékin.
C’est une démarche curieuse étant donné que la Chine est, de plus en plus, l’un des pays les plus connectés au monde – l’industrie chinoise a même essayé de faire de Chengdu la « 5G Joy City« , où les habitants sont encouragés à diffuser leur vie quotidienne en continu.
Tesla est peut-être l’une des marques de véhicules électriques les plus populaires en Chine, avec plus d’un demi-million de véhicules sur les routes, mais elle n’est pas elle-même chinoise. L’entreprise s’est pliée aux exigences de Pékin en matière de localisation des données, en mettant en place un centre de données dédié en Chine, mais elle ne peut se détacher du caractère d’entreprise étrangère et, par conséquent, de menace pour la sécurité nationale.
De manière générale, l’inquiétude nationale concernant les pouvoirs de surveillance des nouveaux modes de transport n’est pas nouvelle. Les véhicules de consommation ne sont qu’un ajout récent à l’équation de sécurité nationale. Mais dans le contexte de la mondialisation de l’économie et du développement moderne des produits, ils représentent peut-être le défi le plus délicat à relever.
En l’état actuel des choses, les voitures Tesla sont sans doute les véhicules les plus connectés et les plus populaires d’une nouvelle génération de véhicules. Non seulement elles accumulent une quantité massive de données sur le conducteur – des journaux d’appels à l’historique du navigateur embarqué en passant par la vitesse moyenne et l’historique des itinéraires – mais leurs capteurs et caméras extérieurs peuvent transmettre une quantité considérable d’informations sur le monde environnant.
« J’ai pu voir une grande quantité de données. Y compris les lieux dans lesquels la Tesla a été, où elle s’est rechargée, son emplacement actuel, où elle se gare habituellement la vitesse des trajets, les demandes de navigation, l’historique des mises à jour logicielles, et bien plus encore” a écrit David Colombo, fondateur de Colombo Technology, chercheur en cybersécurité et conférencier, dans un post Medium publié en janvier.
Bien que les vulnérabilités spécifiques dont Colombo a tiré parti aient été corrigées, son piratage démontre une énorme faille au cœur de ces véhicules intelligents : Le partage des données n’est pas un défaut, c’est une fonctionnalité.
Dans un avenir proche, les voitures ne collecteront pas seulement des informations sur leur conducteur et leurs passagers, mais aussi sur les véhicules, les piétons et la ville qui les entourent. Certaines de ces données seront d’ailleurs nécessaires au bon fonctionnement de la voiture pour réduire les collisions, mieux planifier les itinéraires et améliorer les véhicules eux-mêmes. Alors que la protection des données devient centrale à notre monde moderne, les questions du partage et de l’exploitation des données semblent devenir un enjeu de plus en plus important.
By Mélissa Walehiane